Cancer du sein : ce que prévoit le nouveau programme de dépistage
07 avril 2017

Un nouveau programme de dépistage du cancer du sein est lancé par le ministère de la Santé. Les mesures prévoient, à compter du 1er janvier 2018, le renforcement de la prévention dès 25 ans et comprend des examens de dépistage supplémentaires ». Le ministère explique qu’« une consultation dédiée à la prévention de tous les cancers sera proposée aux femmes de 25 ans pour les sensibiliser à l'intérêt du dépistage et les informer sur les modalités de dépistage ou de suivi, selon les antécédents et les facteurs de risque de chacune ». « Cette première consultation, prise en charge à 100% par l'Assurance maladie […], aura pour objectif d'informer les femmes sur le dépistage du cancer du col de l'utérus, et "plus globalement sur les facteurs de risques comportementaux (tabac et alcool, habitudes alimentaires, activité physique, etc.), la contraception ou les infections sexuellement transmissibles" ». « À partir de 50 ans, les femmes seront invitées à consulter leur médecin traitant ou gynécologue pour faire le point sur leurs facteurs de risque et pourront se rendre directement dans un cabinet de radiologie pour se faire dépister », continue Le Parisien à propos du cancer du sein. « Si nécessaire, les patientes se verront prescrire une échographie en complément de la mammographie, qui sera réalisée sans dépassements d'honoraires à compter du 1er janvier 2018 ».

Selon Santé publique France, 5 millions de femmes ont pu être dépistées pendant la période 2015-2016, soit seulement 51,1% des femmes invitées à participer au dépistage ». Le journal observe que « cette proposition survient dans un contexte où cette pratique soulève des doutes au regard des résultats de multiples études publiées depuis plus de 30 ans. Le dépistage fait-il réellement baisser le risque de décès par cancer du sein ? Combien de femmes ont-elles été diagnostiquées et traitées à tort pour des cancers qui n’auraient pas évolué ? ». « Pour apaiser les esprits, le ministère de la Santé a demandé un rapport à 9 experts indépendants. Leurs conclusions publiées en septembre 2016, préconisent soit l’arrêt définitif du dépistage organisé, soit sa modification profonde, incluant une meilleure information des femmes », rappelle le quotidien. Le Figaro explique que « le dépistage organisé sera donc maintenu, il s’adressera toujours à toutes les femmes de 50 à 74 ans. […] Le plan prévoit la mise en place d’une première consultation, entièrement prise en charge par l’Assurance maladie, pour les femmes âgées de 25 ans. Objectif : «mobiliser la femme sur l’utilité de ce dépistage et l’informer sur les avantages et limites de la démarche» écrit le ministère ». Le Pr Bernard Duperray, médecin radiologue retraité et enseignant à la faculté de médecine de Paris Descartes, déclare toutefois qu’« avec ce plan d’action, les autorités sanitaires prétendent résoudre le problème de fond qui est que le dépistage ne permet pas de sauver les femmes de cette maladie, et pire, qu’il n’est pas dénué de risques ». « La consultation à 25 ans est particulièrement dangereuse car à cet âge, les femmes ont très souvent des seins dystrophiques (avec des kystes bénins). Les médecins risquent de prendre peur. On peut s’attendre à une médicalisation encore plus précoce, des effets iatrogènes plus grands, ainsi qu’un sur-diagnostic plus important. Ne pas vouloir reconnaître les données de la science conduit à des pratiques dangereuses ! », poursuit le praticien. De son côté, le Pr Philippe Autier, médecin épidémiologiste à l’université de Strathclyde à Glasgow (Ecosse), remarque : « Les médecins généralistes ne connaissent pas toujours les données de la science et la grande majorité des gynécologues est favorable au dépistage. Pour assurer une information loyale et indépendante, il faudrait que celle-ci soit rédigée par des experts indépendants ».


Source : Extrait Mediscoop.net 7 Avril 2017